Accidents domestiques : Une hausse inquiétante

Les accidents domestiques sont une réelle préoccupation. Chutes dans les escaliers,  brûlures, intoxications accidentelles, le danger peut survenir dans la cuisine et surgir  dans les endroits les plus inattendus de nos foyers.

Pour réduire la fréquence de ces accidents, une journée d’information a été organisée, lundi dernier, par l’Institut de santé publique (INSP). Son directeur général, Pr Abderrezak Bouamra, a rappelé que ces accidents qui surviennent tout au long de l’année touchent en particulier les enfants et les personnes âgées.

«Durant le Ramadan, les praticiens de la santé et la Protection civile enregistrent une augmentation de la fréquence de ces accidents devenus un véritable problème de santé publique car ils causent des milliers de victimes chaque année et  des morbidités lourdes». Bouamra a indiqué que l’INSP a mis en place un système de surveillance pour enregistrer tous les cas en Algérie et évoqué la nécessité d’intensifier les campagnes de sensibilisation au profit des praticiens de la santé et des parents et de proposer des actions pour sauver des vies.

Selon lui, les enfants sont particulièrement vulnérables en raison de leur curiosité naturelle et de leur manque de conscience des dangers. «Parents ou gardiens doivent  connaître les risques spécifiques auxquels ils sont exposés et prendre des mesures pour les prévenir», a-t-il lancé.

Près de 30 % des cas sont des chutes

Le  Dr Lazizi-Attig, médecin épidémiologiste à l’INSP, a fait savoir que l’Algérie a enregistré 344.071 accidents en 2022. Selon elle, la proportion des chutes est la plus élevée avec un taux de 28,7 %, suivie des blessures et des brûlures cutanées avec des taux respectifs de 26,6% et 12,1%. Les accidents par corps étranger constituent  14,2% des cas et l’ingestion de produits toxiques ou caustiques  6,6%.

Devant le coût élevé, surtout en termes de morbidité, des mesures de prévention doivent être mises en place. La  prévention, a-t-elle poursuivi, nécessite l’intervention de toutes les structures (famille, personnel médical et paramédical, industriels et pouvoirs publics). La prévention primaire par le biais des médias audiovisuels, des brochures et de la presse spécialisée est d’une importance capitale. Elle a aussi insisté sur  le rôle des pouvoirs publics et des industriels dans l’instauration des programmes de sensibilisation et d’éducation du grand public et en renforçant la sécurité des produits dangereux. «Malheureusement, nos industriels ne s’impliquent et la plupart des produits dangereux ne sont pas assez sécurisés», a-t-elle déploré. La prévention secondaire vise à diminuer les conséquences des accidents en éduquant  la famille à entreprendre les bons réflexes  et à impliquer le  personnel médical et paramédical qui doit collaborer avec les centres antipoison travaillant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ces structures renseignentles parents et aident les médecins dans leur démarche thérapeutique en cas d’intoxication aux produits dangereux.

Des accidents qu’on peut éviter

Pour le Pr Bacha, spécialiste en chirurgie plastique à l’EHS des brûlés de Zéralda,  chaque année, plus de 10.000 personnes consultent pour des brûlures. Plus de 1.000 d’entre elles nécessitent une hospitalisation et 100 décèdent. «30 % des victimes ont moins de 16 ans, 15% ont plus de 65 ans», a-t-il précisé.

Les atteintes des mains sont en première position avec  40%. Pr Bacha a aussi révélé que 90 % des brûlures thermiques sont dues au gaz butane. «Les chiffres sont alarmants. En plus du coût élevé de la prise en charge, les brûlures laissent des séquelles physiques visibles malgré plusieurs chirurgies réparatrices et  impactent  négativement la santé morale de la victime surtout quand les membres supérieurs, le visage et l’appareil génital sont touchés», a-t-il expliqué.

Le colonel Abdenbi, médecin à la Protection civile d’El Harrach, a fait savoir qu’entre  mars et avril 2023, période qui coïncidait avec le Ramadhan, la direction de la Protection civile d’Alger a enregistré 72 évacuations dont 19 cas d’enfant brûlés. «Avec le respect des règles de sécurité nous pouvons réduire considérablement le risque d’accidents domestiques et assurer un environnement sûr et protecteur à nos enfants», a-t-il proclamé.  «Sensibiliser les  familles  aux dangers potentiels et enseigner aux enfants les règles de sécurité de base contribueront à minimiser les risques d’accidents qu’on peut éviter», a-t-il conclu.

Samira Belabed

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